Il n’y a pas si longtemps, les opposants à la réforme de la prévoyance vieillesse n’ont pas arrêté de nous bombarder avec des prédictions, qui se voulaient des prévisions, à long, voire très long terme, qui avaient surtout pour but de mettre en cause les propositions réalistes et équilibrées du conseil fédéral.

On ne peut pas dire que les opposants à la stratégie énergétique 2050 soient beaucoup préoccupés par l’avenir, or, ce sont souvent les mêmes acteurs. Dans les 2 cas, quelques certitudes côtoient beaucoup d’incertitudes : il est vrai que la population active diminuera ; mais mourrons-nous de faim parce qu’il n’y a plus que 3 % de la population à travailler dans l’agriculture ? Il est aussi vrai que les énergies non renouvelables seront par définition un jour épuisées. C’est tout autant indiscutable que nous ne pourrons indéfiniment vivre dans une société qui consomme toujours plus, dans un monde aux ressources finies. Si quelqu’un vous affirme qu’un réservoir de 100’000 litres est inépuisable, vous le prendrez pour un imbécile. Mais ceux qui pensent que l’on pourra continuer allégrement à gaspiller les ressources énergétique font exactement le même raisonnement.

Qu’on le veuille ou non, la raréfaction de l’énergie, comme l’évolution du travail nous obligeront à revoir notre mode de vie, et les petits week-ends sympa dans une capitale européenne, grâce à des tarifs aériens sans concurrence, ne dureront pas éternellement. Mais de là à prétendre qu’on ne pourra plus prendre une douche chaude, ou manger des bananes, il y a plus qu’un pas. Ce qui est en revanche certain, c’est que plus tôt nous nous préparerons à sortir des énergies non renouvelables, mieux nous y serons préparés. Accepter que dans un monde fini le salut passe par la croissance débridée nous vaudra, le moment venu une douche froide.

F. Daetwyler