Centre interrégional de perfectionnement, Tramelan

Allocution de Monsieur Christophe Gagnebin
Candidat au Conseil-Exécutif

Mesdames et Messieurs

Je vous ai convié à la conférence de presse de ce matin pour vous informer que j’ai pris la décision de me porter candidat à l’élection au Conseil-Exécutif du canton de Berne en mars prochain. Cette candidature, sollicitée par le Comité directeur du Parti socialiste du Jura bernois, sera soumise en congrès qui se réunira demain soir 10 août ici même à Tramelan. Le cas échéant, elle sera ensuite adressée au Parti socialiste du canton de Berne dont le Congrès, vous le savez, se tiendra le 26 août à Bätterkinden.

J’ai pris ma décision en mars de cette année et l’ai communiquée aux organes compétents de mon parti.  Entre-temps, un contrôle médical a fait apparaître que, si mon cœur fonctionnait très bien, l’état de certains coronaires justifiait une intervention chirurgicale relativement lourde. Le Parti socialiste, tant sur le plan cantonal que régional, a en conséquence adapté son calendrier et examiné différents scénarios. Aujourd’hui, je puis affirmer que tous les indicateurs sont au vert et que, en pleine possession de mes moyens, je puis me lancer avec une énergie renouvelée dans cette course dont je sais qu’elle ne sera pas un long fleuve tranquille.


Pourquoi cette candidature ?

Âgé de presque 54 ans, j’ai exercé des mandats nombreux et divers qui m’ont permis d’accumuler des expériences riches et variées. Je crois pouvoir affirmer que ces engagements à caractère essentiellement bénévoles sont d’abord motivés par mon attachement aux valeurs qui sont, en particulier,  celles du socialisme démocratique. Ma personne importe peu. Même si j’envisage aujourd’hui un mandat à plein temps, l’engagement politique demeurera pour moi, avant tout, une forme de vocation.  Je crois en l’action politique au sens noble du terme, qui n’est ni calcul, ni marchandage, qui ne se résume pas au cirque médiatique qui rebute tant de gens. La politique, c’est d’abord une volonté, celle servir, de penser et d’agir, avec beaucoup d’autres, pour construire l’avenir de nos collectivités.

Avec les autres candidates et candidats socialistes et écologistes, avec le soutien et l’engagement sans faille du parti socialiste tout entier, je souhaite offrir aux habitantes et habitants du canton de Berne, et à ceux du Jura bernois en particulier,  une véritable alternative, enthousiasmante et crédible, à la politique de démantèlement à courte vue que mène actuellement la majorité bourgeoise. Je crois à l’impérieuse nécessité de redonner à nos sociétés plus de cohésion. S’il est nécessaire de s’adapter sans cesse à un environnement en constante mutation, s’il est indispensable de relever les défis de la transition démographique, de la révolution 4.0 ou du changement climatique, cela ne saurait se faire en négligeant des pans entiers de la société. Personne ne doit se sentir abandonné ou, pis,  inutile : c’est ensemble seulement que nos sociétés peuvent grandir et s’épanouir. Les évolutions, voire les révolutions à venir doivent être abordées en termes de chances et d’opportunités pour le plus grand nombre.

Je souhaite également contribuer à mobiliser les électrices et les électeurs de gauche pour que s’établisse à nouveau au Grand Conseil un rapport de forces plus conforme à la réalité sociale de notre canton, plus favorable aussi à la recherche de solutions consensuelles.

En tant que représentant du Jura bernois, il m’appartiendra bien évidemment de faire entendre avec force la voix des  composantes francophones de notre canton, de veiller à ce que soient pris en compte leurs besoins et leurs intérêts spécifiques. Il me faudra également veiller à ce que le bilinguisme du canton de Berne bénéficie d’un rayonnement plus large encore et que les diverses régions du canton soient mieux conscientes de la richesse qu’il constitue et des atouts qu’il représente.

Mais j’aurai surtout à cœur  d’être un conseiller d’État pour l’ensemble du canton de Berne. De Guttannen à La Ferrière et de Saanen à La Scheulte. En passant par Thoune, Berne et Bienne, et aussi par Laupen ou Langenthal. Au nom des valeurs qui m’animent et qui bien évidemment transcendent les clivages linguistiques. Par attachement aussi à un canton dont la diversité me séduit, que j’ai appris à connaître et à apprécier dans le cadre, notamment, de mes divers engagements. Ma bonne maîtrise de l’allemand me permet aussi d’en connaître le paysage culturel et médiatique.


Mes priorités politiques

Vous me permettrez d’évoquer maintenant quelques-unes des priorités qui, si mon parti le veut bien seront les miennes et que je défendrai avec les autres candidates et candidats socialistes et écologistes.

Dans le cadre de mes diverses activités politiques, je me suis toujours efforcé, crois-je, d’avoir une vision globale et cohérente de la politique. Je n’ai pas été le héraut d’une cause particulière, le défenseur d’intérêts spécifiques, ni surtout l’homme d’un lobby ou d’un groupe de pression.

Même si la remarque peut paraître banale, j’estime qu’il est nécessaire de remettre l’être humain au centre de la réflexion politique. Je suis convaincu que le stress, la détérioration des relations sociales, la solitude ont un coût immense, y compris économique. Je crois également en l’impérieuse nécessité d’une politique qui envisage le moyen et le long terme, qui soit pensée en termes de durabilité. A ce titre, je ne puis que constater que les mesures d’économies présentées par l’actuel gouvernement vont à fins exactement contraires.

Par ailleurs, je considère que l’évolution récente des sociétés occidentales a contribué à creuser de nombreux fossés (entre catégories socio-professionnelles, entre classes sociales, entre générations, entre groupes linguistiques, etc.), fossés qu’il appartient à l’État de combler.

J’évoque ci-après sommairement quelques-uns des sujets qui me tiennent particulièrement à cœur.

 

  • Le grand défi à venir sera la révolution 4.0. et ses conséquences tant pour le tissu économique que le monde de travail, celui de la formation, ou encore pour l’administration. Il s’agira d’être à la pointe de cette évolution technologique tout en veillant à ce qu’elle représente une chance et ouvre des perspectives pour le plus grand nombre. La fonction redistributive de l’État n’en sera que plus importante.

 

  • En matière financière et fiscale, nous avons besoin d’une politique  qui réponde aux critères suivants :
    • elle doit être socialement juste : il n’est pas admissible que le canton de Berne se lance dans des baisses fiscales qui profitent essentiellement aux catégories de population les plus aisées alors que ce sont les classes moyennes et modestes qui sont en priorité frappées par les mesures d’économie et de démantèlement.
    • elle doit permettre au canton de Berne d’assumer ses tâches selon des impératifs d’équité (assurer des prestations irréprochables à toutes et tous) et de durabilité (permettre une vision et une action politique pensées à moyen et à long terme)
    • elle doit permettre au canton de Berne de mener une politique anticyclique, afin qu’il assume ses responsabilités en période de conjoncture défavorable et puisse prendre des mesures originales et novatrices face à de nouveaux défis.
    • elle doit favoriser la protection et l’amélioration du cadre de vie (impératifs écologiques)
    • elle doit permettre au canton de Berne d’être un employeur attractif
    • elle ne doit pas entraîner de reports de charges sur les communes

 

  • Je suis attaché à un service public fort seul à même d’assurer à tous les habitant-e-s du canton des prestations de qualité irréprochables, quels que soient leur niveau de fortune, leur origine, leur sexe, leur âge, leur lieu de résidence, dès lors que les règles de l’économie de marché (liberté du consommateur comme du producteur, concurrence véritable, transparence) ne peuvent plus s’appliquer. Le service public est un facteur essentiel pour garantir tant l’égalité de traitement que l’égalité des chances. Par ailleurs, le service public fait (ou devrait faire) l’objet d’un pilotage et d’un contrôle citoyen.

 

  • Politique sociale
    La politique sociale est selon moi clairement indissociable de la politique économique. Il s’agit de lutter contre la pauvreté et non contre les pauvres, ce qui implique une action plus énergique contre les bas salaires, contre le dumping salarial et social, contre le travail au noir. L’action sociale doit non seulement assurer le minimum vital, mais garantir l’intégration des personnes concernées, et en particulier des enfants, dans la société. Les enfants, en effet, ne doivent pas des facteurs de pauvreté. Le système des déductions, injuste, doit être remplacé par  des rabais d’impôts ou par une augmentation des allocations.

 

  • Formation
    L’école a pour mission de mettre l’enfant en possession de sa vraie liberté. Elle doit en faire un acteur au sein de la société, ce qui implique qu’il en comprenne le fonctionnement et soit capable d’avoir à son égard une attitude critique. L’école doit avoir des ambitions pour chaque enfant, l’emmener aussi loin que possible, lui permettre de donner la pleine mesure de ses talents. Mais elle doit aussi favoriser le vivre-ensemble et la solidarité.La formation professionnelle revêt à mes yeux une importance particulière et il convient de la placer sur pied d’égalité avec la voie académique, même si elle promeut d’autres compétences. Elle doit permettre une parfaite intégration sur le marché de l’emploi, mais elle est aussi le lieu d’une éducation à la citoyenneté, d’une médiation culturelle, d’une ouverture au monde.

 

  • En matière d’aménagement du territoire
    • il s’agit à mes yeux de dépasser le clivage que d’aucuns s’efforcent encore de maintenir et villes et campagnes. Ce clivage n’a plus dans un pays aussi largement urbanisé que l’est la Suisse. Cela vaut également pour le canton de Berne.
    • il faut redonner un sens à la notion d’autonomie communale en permettant aux communes de se concentrer sur ce qu’elles maîtrisent et les décharger de tâches pour lesquels elles ne sont que des instances exécutoires, sans compétences décisionnelles
    • il faut renforcer les conceptions régionales de l’aménagement du territoire. Il est absurde que des communes voisines soient concurrentes en matière d’implantation industrielle, artisanale ou commerciale. Cela implique que soi repensée l’imposition des personnes morales au plan communal.

 

  • Transports et environnement
    • Je suis un partisan résolu des transports publics et souhaite l’élargissement du système RER garantissant des relations à la demi-heure dans le domaine des chemins de fer. Il est également essentiel de veiller à ce que les investissements nécessaires soient faits pour maintenir et développer le réseau, ainsi que pour améliorer le confort des gares et arrêts.
    • Le canton doit user de tout son poids pour favoriser le transfert du trafic marchandise vers le rail.
    • Il doit également réfléchir aux moyens qui permettraient de réduire les déplacements.
    • Je rêve d’un canton de Berne qui, dans vingt ans, se déplacera sans émissions de CO2 et consommera une énergie renouvelable qui aura été produite ici. Je suis convaincu que cela est possible.

 

  • Droits politiques
    • Le droit de vote des étrangers demeure un objectif important pour moi.
    • La transparence en matière de financement des partis politiques en est un autre.

 

Mesdames et Messieurs, je souhaite, au moment de me lancer dans cette campagne, qu’elle soit l’occasion de mener des débats constructifs sur l’avenir de notre canton, des débats qui puissent aussi contribuer  à réconcilier citoyennes et citoyens avec la politique, parce que la politique, comme j’ai coutume de le dire à mes élèves en introduction aux cours de civisme, c’est la vie, la vôtre, celle de vos enfants et des générations qui viendront ensuite. Conçue ainsi, la politique se révèle complexe, mais aussi exaltante. C’est l’esprit qui m’anime aujourd’hui.

Je vous remercie de votre attention.

 

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